Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/134

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tiennent le milieu entre le bourgeon de la fleur du pêcher et les bubelettes vermillonnes d’un pleurnichage chronique, — assez noblement posé d’ailleurs, au-dessus d’une fine bouche d’aruspice narquois et dubitatif, — comme un simulacre romain de la Victoire ailée et tranquille, au bord d’une route tumultueuse de la Haute Asie, encombrée du trafic suspect de Babel ou de Chanaan.

» Le double menton gras et savoureux est d’un ecclésiastique depuis longtemps accommodé aux délicatesses de ce monde charnel et généralement facile aux convenances et aux absolutions. Ce menton s’étale sans recherche ni vergogne, par le repli habituel d’une méditation antique, sur un cou raisonnablement court et pas plus apoplectique que le teint, assez semblable à celui d’une citrouille aperçue à travers une vitre de corne.

» Il est presque évident que ce Capanée ne mourra foudroyé d’aucune manière et il y compte bien, allez ! Il suffit de voir ses petits yeux striés de bleu et de vert, perpétuellement mobiles sous la broussaille hirsute de ses sourcils gris. Ces yeux-là, quoique un peu éteints, comme il convient aux yeux des paléographes habitués à regarder des choses de peu de reflet, ont encore assez de vivacité pour défier insolemment tous les anathèmes.

» Les oreilles, je dois le dire, m’ont un peu déconcerté. Je m’attendais à contempler l’oreille grassement ourlée d’un épicurien, au cartilage