Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

court. Cet organe en friche n’est probablement ni chaud ni froid et j’ignore si la tiédeur même est à supposer. Il faut d’abord écarter l’hypothèse de toute palpitation généreuse, ou seulement instinctive, et se souvenir qu’on est en présence d’un personnage exceptionnel, intégralement confisqué par son cerveau. On ne trouverait pas en littérature d’autre exemple d’une aussi totale résorption des facultés de sentir par la faculté de vouloir.

Au fond, c’est tout simplement l’état d’une horrible mort. Car ce que veut et propose M. de Goncourt, c’est l’Idolâtrie littéraire, l’idolâtrie des formes et des vocables, telle que Gautier l’avait annoncée à Flaubert qui s’en alla méditer aux lieux solitaires pendant que M. de Goncourt, en hauts talons cramoisis, paissait les fidèles dans le nouveau temple dont il allait être le grand pontife.

À sa parole, on évacua l’âme humaine comme on ne l’avait jamais évacuée et les candélabres d’une esthétique de néant s’allumèrent autour du Lama puissant qui supplantait les anciens Dieux.

L’Idole même s’incarnait en lui, la ténébreuse Idole des mouches qui domine sur les Chérubins des abîmes et dont la face est obnubilée par le nuage bourdonnant des adorateurs du Vide.

Ainsi m’apparaît, sous le voile transparent