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C’est lui seul qu’on veut adorer, d’un culte latrique, et je sais un de ses dévots qui le relit depuis dix ans, comme un exégète lirait la Bible, — fanatique invraisemblable qu’on ne peut rencontrer une seule fois sans être informé de quelque trouvaille récente et miraculeuse aux flancs sonores de la creuse idole.

Qu’un homme est donc fort quand il n’a rien à dire et qu’il n’a jamais rien dit !

Il serait trop facile de pousser encore plus avant la démonstration de cette vérité banale si méconnue et de la nettifier le plus expérimentalement du monde en la personne de Flaubert, très-puissant aujourd’hui sur un assez vaste groupe d’imaginations, mais qui fut, quand même, un artiste fier et ne mérita jamais l’infamante popularité dévolue aux saltimbanques de l’écritoire.

À quoi bon, d’ailleurs ? Je ne me suis que trop attardé aux prolégomènes de cette étude plus ou moins critique dont voici l’objet véritable.

Je relisais, l’autre jour, la Légende de saint Julien l’Hospitalier. Cet opuscule bastionné de deux histoires vraiment inhospitalières où ne pénètre l’attention d’aucun lecteur même accrédité, me parut, pour la première fois, un démenti surprenant à la sotte gloire décernée par les sacristains du Vent.