Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/361

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adore ses enfants, et ce qu’elle a souffert, ah ! Dieu ! qui pourrait le raconter ?

L’appareil de la Cour d’assises ne la trouble pas plus que le regard épouvanté de sa victime. Elle est sur les planches et se réjouit de voir le populo affluer dans la baraque.

Tout, dans sa conduite et dans son langage, donne lieu de supposer qu’elle n’a tué Morin que pour cela.

Comme femme de député populaire, elle savait bien ne pas risquer grand’chose. Comme prisonnière à Saint-Lazare, elle avait eu la précaution préalable d’emballer soigneusement sa poudre de riz, son cold-cream, sa brosse à dents et son faux-derrière, circonstance qui a rendu manifeste aux yeux pénétrants du Jury la non préméditation de l’attentat.

Enfin, comme accusée, elle avait ses raisons, sans doute, pour se croire à peu près certaine de l’acquittement, quelle que fût son insolence et peut-être même à cause de cette insolence, comme l’événement l’a surabondamment démontré à tous les peuples.

Et, alors, quel triomphe ! et quelle extase littéraire !

Être à jamais l’impassible statue de la Vengeance, ainsi que des journalistes jobards le lui ont affirmé sur leur honneur ; étaler glorieuse-