Aller au contenu

Page:Bloy - Exégèse des Lieux Communs, Mercure de France, 1902.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
68
exégèse des lieux communs

ou même la poudre à canon. Un malin, qui couchait avec Mme Culot tous les samedis, chuchotait qu’il était inventeur d’une machine à aboyer destinée à remplacer les chiens de garde à la ville et à la campagne. Bref, on ne savait pas et on ne devait jamais savoir. Mais M. Culot jouissait d’une haute notoriété et il fut question de le fourrer à l’Institut, ce qui serait certainement arrivé sans les cabales.

Maintenant, voici le dénouement bizarre de sa destinée, si, toutefois, il est possible de nommer cela un dénouement. Il avait une fille sans Dieu ni beauté, mais irréprochablement salope qui, bien que n’accordant aucune attention aux studieuses manigances de son père, voulait, non moins énergiquement que lui, être de son siècle. Encouragée d’ailleurs par l’exemple de sa mère qui eût fait parler d’elle à toutes les époques du monde, elle avait de très bonne heure obtenu les résultats les plus remarquables.

Très différente en ce point de M. Culot, dès l’âge de dix-huit ans, Mlle Barbe Culot n’eut plus rien de secret pour personne. À vingt-cinq, elle s’était déjà débarrassée scientifiquement de plusieurs enfants, circonstance divulguée qui lui valut, étant alors devenue sage-femme de 1re classe, les félicitations du Président de la République et la croix d’honneur, le jour même de l’inauguration de la statue de Ricord.