Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/154

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nelle mais avec quelle lenteur ! Cette rencontre l’avait assommé littéralement.

Il n’avait pas fait dix pas que la vieille mangeuse de cervelles reparut, courant après lui.

— Monsieur, je vous en supplie, n’allez pas par là.

— Et pourquoi n’irais-je pas par là ? demanda-t-il. C’est mon chemin, puisque j’habite Vaugirard.

— Tant pis, il faut revenir sur vos pas, faire un détour, quand vous devriez marcher une heure de plus. Vous risquez de vous faire assommer en traversant le boulevard. Si vous voulez le savoir, la moitié des souteneurs de Paris se sont réunis là pour leurs affaires. Il y en a depuis les Abattoirs jusqu’à la Manufacture des tabacs. La police leur a cédé la place. Vous n’auriez personne pour vous protéger, et on vous ferait certainement un mauvais parti.

Maxence fut tenté de répondre qu’il n’avait pas besoin d’être protégé, mais il sentit, par bonheur, la sottise d’une telle bravade.

— Soit, dit-il, je vais remonter du côté des Invalides. C’est un peu fort tout de même. Je suis éreinté et ce supplément de vadrouille m’exaspère. On devrait bien lancer de la cavalerie sur ces marlous…

— Il y aurait peut-être un moyen, dit la vieille, après un instant d’hésitation.

— Ah ! voyons ce moyen.

Très humblement, alors, elle exposa qu’étant fort