Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/175

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besogne. Il fonctionnait tout seul à ravir et il n’avait recours à personne.

J’ai tout bêtement accouché sa première, puis sa seconde, dix ans après, vers la fin du règne de Louis-Philippe, comme j’eusse accouché des portières ou des filles publiques. Le marquis avait tenu à être seul avec moi dans l’une et l’autre circonstance.

La première fois nous amenâmes une espèce de chèvre-pieds sans yeux ni bouche, qui avait, en guise de nez, une espèce de membrane flasque et pendante que je ne vous décrirai pas, homme impressionnable… La Tour de Pise, doué du sang-froid des morts, s’empara de l’avorton avant que j’eusse pu m’y opposer et l’offrit aux baisers de la mère qui en mourut deux heures après.

Le second enfant du marquis eut deux têtes sur un fuseau de corps, à peu près sans jambes ni bras, et c’était une autre édition de la même image.

Cette fois, l’accouchée ne put rien voir. Je roulai dans mon tablier la petite abomination et m’élançai hors de la chambre. Je perdis ainsi la clientèle du noble seigneur, mais j’avais deviné beaucoup de choses, et plus tard, j’en appris d’autres encore…



— Vous êtes persuadé maintenant, continua la terrible matrone en baissant la voix de manière