Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/228

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sais ce que je vous dis, répondit le prêtre, d’une voix d’en bas qui parut faire quelque impression, je le sais profondément. Auriez-vous oublié déjà ce qui s’est passé hier dans l’église, entre vous et moi ?

— Je sais, monsieur, que vous avez reçu mes aveux au sacrement de pénitence et que le secret de la confession est inviolable. Je sais cela et rien de plus.

Il y eut un silence.

— Il me reste donc à vous apprendre ce que vous ne savez pas ou ne voulez pas savoir. Soit. Vous êtes venue porter à Dieu un abominable défi. Non contente de profaner hideusement et par pure méchanceté ce sacrement que vous avez l’audace de nommer, vous avez affirmé le dessein d’un sacrilège plus effrayant… Naturellement, vous avez compté sur le silence d’un malheureux prêtre lié par son caractère sacré… Je pourrais peut-être vous répondre que je n’ai pas à garder le secret d’une confession qui n’existe pas, mais ces formes sont si saintes que la simagrée vaut l’acte même. Je me tairai donc.

Cependant, vous êtes en danger, et j’ai le devoir de vous avertir. Il est temps encore… Je vous supplie par le Sang du Christ que j’ai consommé tout à l’heure. Ne me réduisez pas à devenir votre juge.

— Oh ! qu’à cela ne tienne, monsieur le buveur de sang, devenez mon juge tant qu’il vous plaira. Cette licence accordée, comme nous ne sommes pas préci-