Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/229

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sément au Tribunal révolutionnaire, je vous supplie à mon tour de mettre un terme à cette plaisanterie déplorable, dont je suis déjà très lasse, je vous assure.

— Je me retire donc, dit le missionnaire, Voici mon dernier mot. Défi pour défi. J’ignore ce que Dieu fera de votre âme et je tremble d’y penser. Mais je sens que vous ne pourrez pas accomplir, dimanche, l’acte épouvantable que vous m’avez annoncé du fond de vos ténèbres. Le Christ glorieux est le pain des pauvres, madame, et il se mange dans la lumière.



Conclusion

Le jour de Pâques, l’église était pleine et Brunissende était à son banc de seigneuresse du canton, plus éblouissante que jamais.

Le prédicateur avait tenu à célébrer cette messe solennelle. Ayant lu l’évangile des Aromates et de la Résurrection, il dépouilla ses ornements et parut en chaire.

Il était extrêmement pâle et ressemblait, en son surplis, à cet ange vêtu de blanc que les saintes femmes virent au Tombeau.

Insolitement, il parla sur ce texte : Edent pauperes et saturabuntur, les pauvres mangeront et seront rassasiés.

Il parla près d’une heure, comme s’il attendait