Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/236

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— Monsieur, lui dis-je d’une voix brève et sourde, prenez garde ! Le torchon brûle !

Vous savez qu’il n’est pas facile de m’étonner. Eh ! bien, mes amis, l’effet de cette parole me déconcerta jusqu’à me rendre imbécile pour quelques heures.

Le personnage devint vert, me jeta les yeux fous et désespérés d’un nègre entamé par un crocodile, se mit à trembler comme une avenue de trembles et s’élança dans une voiture qui disparut instantanément.

Voici donc ce que j’avais à vous dire. Je suis persuadé qu’une expérience analogue, en la supposant très bien faite, donnerait, dix-neuf fois sur vingt, le même résultat. Il ne tient qu’à vous d’essayer. Les consciences modernes sont tellement endettées qu’il est au pouvoir du premier audacieux venu de se transformer en coup de tonnerre et de circuler comme la Gorgone au milieu des foules honorables.



— Parbleu ! s’écria le tonitruant Rodolosse, vous tombez singulièrement, mon cher. J’ai sur moi, depuis quelques jours, une lettre confidentielle que je vais vous lire à l’instant. Je ne suis pas un ecclésiastique pour garder le secret des confessions et, d’ailleurs, je m’arrêterai à la signature. Mais les aveux de son auteur confirment et assermentent à