Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Elle tournait positivement à l’hydrophobie et l’existence devenait impossible.

Il va sans dire que la Commune fut inapte à revigorer son branlant négoce. La clientèle pourtant ne chômait pas. L’établissement ne désemplissait pas une minute. C’était à se croire dans une église !

Mais quelle clientèle, Dieu des cieux ! Des ivrognes rouges, des assassins, des voyous infâmes galonnés de la tête aux pieds, qui se faisaient servir le revolver au poing et qui cassaient tout, et qui auraient tout brûlé si on avait eu l’audace de leur résister.

Cette fois, par exemple, elle ne gueulait plus, la patronne. Elle crevait silencieusement de peur, en attendant le secours d’En Haut.

Il ne se fit pas longtemps attendre. On apprit tout à coup que les Versaillais venaient d’entrer dans Paris ! Délivrance ! Mais une guigne vraiment noire s’acharnait sur la pauvre créature.

Il arriva qu’une barricade fut dressée au bout de la rue. C’était le moment ou jamais de fermer la porte à triple tour et de faire comme si on était des mortes. Papa Ferdinand fut complètement oublié.

La barricade était prise à deux heures de l’après-midi et les fédérés en fuite abandonnaient le quartier. Bientôt, il ne resta plus qu’un seul être, un mince vieillard dont les pas sonnaient dans le grand silence.

Impossible de ne pas le reconnaître. C’était le gâteux sorti le matin par curiosité et qui, bêtement,