qui l’épousait, heureux d’une caissière légitime qui ferait prospérer son comptoir, n’en demanda pas davantage.
Elle devint, alors, la Bourgeoise, pour le temps et l’éternité.
Son langage, par bonheur, conserva la succulence faubourienne. Elle disait fort bien donnez-moi-z-en et allez-leur-z-y-dire. Mais, en même temps que changeait son destin, son âme se trouva miraculeusement purifiée de l’escafignon des rues de Paris et de la gravéolence des banlieues infâmes ou s’étaient pourries les tristes fleurs de sa misérable enfance. Assainissement et oubli complets.
En un mot, elle fut une épouse irréprochable, ah ! juste ciel ! et qui devait attirer, pour sûr, les bénédictions les plus rares sur la boutique de l’heureux époux qui ne comprenait pas son bonheur.
Naturellement, elle avait de la religion, parce qu’il est indispensable d’en avoir, quand on est « du monde bien », une religion raisonnable, cela va de soi, sans exagération ni fanatisme.
On était en plein règne de Louis-Philippe, roi citoyen, et c’était à peine si toutes les vaches universitaires ou philosophiques de cette époque lumineuse pouvaient suffire au vaccin qu’on inoculait à l’esprit français pour le préserver des superstitions de l’ancien régime.
Toutefois, la jeune madame Maréchal, — tel était le nom de cette chrétienne, — n’endurait pas les plaisanteries sur la piété, et son mari, qui adorait la gaudriole de Béranger, dut être souvent ramené, de façon sévère, au sentiment des convenances de sa position.