Et ce fut fini. Deux heures plus tard, elle signifiait à son mari de n’avoir plus à lui adresser la parole, sinon dans les cas d’urgence absolue, se déclarant lasse de condescendre jusqu’à son âme de boutiquier et bien à plaindre, en vérité, d’avoir sacrifié ses espérances de jeune fille à un malotru sans idéal qui avait l’indélicatesse de l’espionner. Elle n’oublia pas, en cette occasion, de rappeler sa naissance illustre.
À dater de ce jour, l’épouse exemplaire ne marcha plus qu’avec une palme de martyre et l’existence devint un enfer, un lac de très profonde amertume pour le pauvre cocu dompté qui se mit à boire et négligea ses affaires.
La vie est trop courte et le roman trop précaire pour que le poème de cette décadence commerciale puisse être ici raconté. Voici l’épilogue.
Au bout de quatre ans, la faillite était consommée, le mari enfermé dans un asile de gâteux, et, ruinée du même coup, la femme avec l’enfant logée d’une manière quelconque au fond du faubourg Saint-Jacques, où la clémence d’un créancier lui avait permis d’apporter quelques-uns de ses anciens meubles.
La martyre vécut là jusqu’en 1872, époque mémorable où elle fit la connaissance de Chapuis. Ses ressources étant nulles, elle subsista, néanmoins, assez confortablement, de ses travaux prétendus d’aiguille, qu’elle exécutait, il faut croire, à la satisfaction des personnes, puisqu’elle se disait accablée de commandes, quoique on ne la vit coudre que très rarement dans sa chambre. Mais il faut supposer aussi