Page:Bloy - La femme pauvre.djvu/319

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maniaque dangereux, meurt bientôt après dans l’ignominie. Pluie d’années sur sa tombe. Le pauvre homme n’est plus qu’un petit tas d’ossements émiettés dont personne ne se souvient. Son nom, gravé dans la pierre, a été rongé alternativement par les deux solstices. Les honnêtes gens qu’il terrifia, et qui l’abattirent comme une rosse, jouissent maintenant d’une paix profonde, car ils sont eux-mêmes, pour la plupart, couchés dans le voisinage.

Mais l’heure est venue, la minute, la seconde calculée, il y a si longtemps, par cette poussière, et voici que l’immensité s’illumine et qu’apparaît le monstre de feu, traînant dans le ciel une chevelure de plusieurs milliards de lieues !…

Si l’homme est plus noble que l’univers, « parce qu’il sait qu’il meurt », l’analogie sidérale évoquée par le cerveau du peintre grandiose de la populace de Byzance n’avait ici rien d’extravagant.

Certaines œuvres de Marchenoir, lancées naguère dans les froids espaces et que la scélératesse imbécile avait cru fourrer en même temps que lui sous la terre, éclateraient certainement un jour, et pour plus d’un jour, sur les fronts épouvantés d’un siècle nouveau, à la manière d’une vaticination redoutable qui annoncerait la fin des fins.

Seulement, alors, il ne serait plus en la puissance d’aucun mortel de consoler la victime, de serrer amicalement cette main mangée, de verser l’électuaire de la bonté dans