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Page:Bloy - Le Désespéré.djvu/131

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nisme, pour ne l’avoir aperçu, jusqu’à cette heure, qu’à travers les exfoliations littéraires de l’arbre de la science d’orgueil. Et le cœur est pris dans la main du Père céleste, comme un glaçon, dans le centre de la fournaise. Les dix-huit siècles du christianisme recommencent, tels qu’un poème inouï qu’on aurait ignoré. La Foi, l’Espérance et la Charité pleuvent ensemble comme les trois rayons tordus de la foudre du vieux Pindare et, ne fût-ce qu’un instant, une seule minute dans la durée d’une vie répandue ainsi que le sang d’un écorché prodigue sur tous les chemins, c’est assez pour qu’on s’en souvienne et pour qu’on n’oublie plus jamais que, cette nuit-là, c’est Dieu lui-même qui a parlé ! »


XXXI


Marchenoir, le moins curieux de tous les hommes, n’eut aucune hâte de visiter en détail la Grande Chartreuse. Il trouvait passablement ridicule et basse l’exhibition obligée d’un pareil tabernacle à des touristes imbéciles, dont c’est le programme de passer par là en venant d’ailleurs, pour aller en quelque autre lieu, où leur sottise ne se démentira pas, jusqu’au moment où ils se rassiéront, plus crétins que jamais, dans leurs bureaux ou dans leurs comptoirs. Il ne pouvait se faire à l’idée qu’un avoué de première instance, un fabricant de faux cols, un bandagiste ou un ingénieur de l’État, eussent une