Page:Bloy - Le Désespéré.djvu/349

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tous entendues depuis longtemps. Vous n’espérez pas, sans doute, l’amener, pour vous complaire, à modifier ses vues ou ses sentiments. Notre convive est un homme exotique et d’un autre siècle. Il a d’autres idées que nous sur l’honneur, mais cette divergence est sans portée, puisque son intrépidité personnelle est hors de cause.

À ce dernier point de vue, même, je crois que ses chroniques seront d’un utile scandale en tête du Basile. Tenez ! si personne n’y voit d’inconvénient, et que l’auteur veuille bien y consentir, ajouta-t-il, en se tournant vers son voisin, je serais d’avis qu’il nous lût, tout à l’heure, l’article de début que je fais paraître après-demain, et dont les épreuves sont justement sur mon bureau. Je crois, messieurs, que votre surprise ne sera pas médiocre. Avez-vous quelque répugnance à nous donner ce plaisir intellectuel, monsieur Marchenoir ?

Celui-ci hésita une minute, puis se décida. Il sentait vaguement que, déjà, Beauvivier cherchait une occasion de le compromettre et de lui casser les reins, en le rendant impossible, puisqu’il le poussait à lire cette philippique, où les deux tiers des convives étaient plastronnés. Mais la seule pensée d’un tel risque le détermina, — étant de ces fiers chevaux, qui s’éventrent sur les baïonnettes, en hennissant de la volupté de souffrir !


LXII


Marchenoir avait la réprobation scatologique. Le bégueulisme cafard des contemporains d’Ernest Re-