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Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/24

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vi
PRÉFACE

prouver aux regards du monde ses autres facultés et sa supériorité d’écrivain. Polémiste de tempérament, fait pour toutes les luttes, tous les combats, toutes les mêlées, et sentant cette vocation pour la guerre bouillonner en lui, cdmme bouillonne cette sorte de vocation dans les âmes, quand elle y est, il a de bonne heure demandé instamment à ceux qui semblaient penser comme lui ; sa place sur leurs champs de bataille, mais ils lui ont toujours fermé l’entrée de leur camp.


Quoi de surprenant ? Dans une époque où le génie de la Concession qui gouverne le monde va jusqu’à lâcher tout, un esprit de cet absolu et de cette rigueur, a épouvanté ceux-là même qu’il aurait le mieux servis. L’héroïque Veuillot, par exemple, qui n’a jamais tremblé devant rien, excepté devant les talents qui auraient tenu à honneur de combattre à côté de lui pour la cause de l’Église, Veuillot prit peur, un jour, du talent de M. Léon Bloy, et, après quatre ou cinq articles acceptés à l’Univers, il le congédia formellement. Alors, cet homme, avec qui on se conduisait comme s’il était un petit jeune homme, quand il était un homme tout à fait, et qui, depuis dix ans, s’attendait et s’impatientait, accumulant et ramassant en lui des forces à faire le plus formidable des journalistes, fut étouffé par la force lâche du silence