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Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/382

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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

habitait encore Saint-Domingue au moment où Oviedo y Valdez rédigeait son Histoire naturelle des Indes. En sa qualité de voyageur et de naturaliste, l’Archichronographe impérial signale un prodige particulier, moins éclatant que les guérisons, mais tout aussi remarquable : c’est la longue conservation de ce bois, exposé en plein air, sans être protégé d’aucun enduit, et qui, dans ce pays, où les alternatives de chaleur et d’humidité putréfient si promptement tout bois mort, avait résisté aux vicissitudes de l’atmosphère, n’était ni déjeté, ni pourri, ni tombé, malgré les pluies torrentielles, les bourrasques, les ouragans qui, dans le cours des années, avaient brisé où déraciné tous les arbres d’alentour[1].

« L’Archichronographe rappelle les vaines tentatives des indigènes pour détruire la Croix, et leur vénération mêlée de crainte, quand ils eurent expérimenté par eux-mêmes sa puissance miraculeuse. Le manuscrit d’Oviedo y Valdez est soumis à l’examen du Suprême Conseil des Indes, composé principalement des ennemis de Colomb, dont les familles s’enrichissaient au détriment de sa postérité. Ces faits sont publiés avec l’autorisation de ces hauts fonctionnaires. Le livre est dédié à un prince de l’Église : « Don García Jofre de Loaysa, évêque de Siguensa, cardinal-prêtre du titre de Sainte-Suzanne, confesseur de la Césarée majesté, président du Conseil royal de l’empire occidental des Indes, îles et terre ferme de la mer Océans. » Les miracles que rapporte l’auteur ont donc reçu doublement, par cette approbation et cette dédicace, un certificat d’authenticité officielle.

  1. « Y es tanta la devocion que los cristianos en ella tienen que furian muchos pedaços y astillas della, assi por llevar a España como otras partes, yes tenida en mucho veneracion, assi por sus miraglos como porque en tanto tiempo como estuvo descubierta, jamas ne pudrio ni cayo por ninguna tormenta de agua ni viento : ni jamas La pudieron mover… » — Ovieno y Valdez, la Historia general y natural de las Indias, lib. III, cap. v.