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Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/383

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APPENDICES

« Postérieurement, l’historiographe royal de Castille, Antonio de Herrera, parle de ces miracles d’une manière plus étendue. Il a eu le temps de recueillir des faits plus nombreux. Quoique Herrera fût bien jeune à l’époque du tremblement de terre qui détruisit la Conception de la Vega, il avait pu connaître des témoins des miracles de la vraie Croix, et acquérir les preuves de la dévotion qu’elle inspirait encore. Pendant qu’il écrivait, la vraie Croix, déposée dans la cathédrale de Saint-Domingue, jouissait d’une célébrité populaire. Après en avoir parlé dans sa « Description des îles et terre ferme de la mer Océane », écrite par ordre du Suprême Conseil des Indes et sous ses yeux, il en parle avec détails dans son grand ouvrage divisé en Décades. Il rappelle que le bois de la vraie Croix était un souverain remède pour guérir les fièvres ; qu’on le donnait en infusion et en poudre aux infirmes, et qu’on avait vu par sa vertu guérir des malades sans espoir, abandonnés des médecins[1].

« Telle fut la notoriété des miracles de la vraie Croix de la Conception qu’ils prirent rang parmi les grâces que la Providence accordait à la nation espagnole, et eurent leur place au frontispice de l’Histoire générale des faits des Castillans dans les Indes, publiée sous les auspices du roi Philippe III. Ainsi semblait justifiée la devise que venait d’inaugurer une des plus importantes cités espagnoles du nouveau continent : Non fecit taliter omni nationi.

« C’est aussi à la miraculeuse fécondité de la vraie Croix que fait poétiquement allusion Lopez de Vega dans l’image de ce simple bois planté par Colomb, et qui, prenant racine, porte des fleurs et des fruits.

« Peu d’années avant la cession de Saint-Domingue à la

  1. Herrera « Y para calenturas es cosa muy aprovada dandola á bever en polvos á los enfermos, porque se ha visto sanar hombres desaudiados de los medicos. » — Decada 1, lib. X, cap. xii.