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Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/384

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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

France, la cathédrale possédait encore cette précieuse relique de la vraie Croix. Nous savons positivement qu’en 1765, on l’y conservait dans sa châsse d’argent massif, fermée à trois clefs, sous la garde du chapitre métropolitain dont était alors doyen « Don José Nuñez de Caserez, docteur en la sacrée théologie de la pontificale et royale Université de saint Thomas d’Aquin[1] ».

« Qu’est devenue cette relique pendant les bouleversements et les révolutions qui, depuis lors, ont ensanglanté Haïti ? Il ne nous est point possible de répondre aujourd’hui même d’une façon satisfaisante à cette question. L’Archevêque de Port-au-Prince, arrivé à Rome pour le Concile œcuménique, avec l’intention d’y parler de Christophe Colomb, devait ordonner des recherches relativement à la vraie Croix. La fin si prématurée de Mgr du Cosquer, survenue avant l’ouverture de la session, nous a privé de son bienveillant concours. Néanmoins, nous espérons être bientôt en mesure de renseigner sur ce point la sacrée Congrégation des Rites.

« Quoi qu’il en soit, dès maintenant nous possédons la preuve que, malgré les dissensions politiques et les révolutions qui se sont succédé à Haïti, le culte de la vraie Croix de la Conception s’est perpétué près du lieu où il prit naissance.

« Dans les premières années du siècle actuel, durant l’expédition française de 1802 à Saint-Domingue, nonobstant la pénurie et les alertes, suite de l’état de guerre, on continuait de se diriger en pélerinage vers la partie presque inhabitée de l’île, pour aller vénérer la vraie Croix. Ce bois précieux était alors placé dans une châsse au-dessus du maître-autel de l’église de la Vega, où des peintures mu-

  1. Moreau pe Saint-Méry, Description de la partie espagnole de Saint-Domingue, t. I, p. 132.