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Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/65

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VII

La Colombe de Noé envoyée trois fois sur la terre après le Déluge par ce saint Patriarche, à la troisième, « ne revint plus vers lui », dit le Saint Livre, dans son divin langage mystérieux. Cette Colombe figure symbolique de l’Esprit du Seigneur qui parle aux hommes par les prophètes, descendit de l’Arche vers la pauvre planète en deuil que l’effrayant Repentir du Créateur avait submergée des eaux de sa colère, comme le Roi pénitent devait un jour arroser et laver son lit de l’abondance de ses larmes. Cette visitation de la terre par l’Oiseau mystique n’est-elle pas une image sensible de la Parole écrite visitant les hommes dans le demi-jour crépusculaire de la loi d’attente ? En vuc de cet unique chef-d’œuvre qui s’appelle l’Incarnation, la Sagesse éternelle s’est ineffablement rapetissée pendant quatre mille ans dans la langue humaine. Cette langue ainsi divinisée a été posée dans la bouche des prophètes, « comme un glaive acéré et comme une flèche choisie », pour percer tous les cœurs et pour traverser tous les siècles. La langue morte de l’homme est devenue, par un miracle de résurrection, la Parole vivante de Dieu et