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Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/66

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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

a été restituée dans cette forme nouvelle aux ouvriers errants et découragés de l’antique Babel. Pendant que ces exilés bruissaient en confusion par toute la terre où se multipliaient les balbutiements de leur démence, Dieu seul parlait pour l’universalité des peuples et des temps…

Il vint un jour, il vint une heure attendue par soixante-dix générations et providentiellement marquée dans le milieu des siècles, où cette Parole assumant enfin la chair passible des enfants d’Adam se rendit manifeste à toutes les nations et descendit redemander elle-même son troupeau, comme Ézéchiel l’avait annoncé. C’est alors que le Rédempteur, impatient de mourir et ne devant exercer que peu de temps son ministère de suprème Pasteur, se choisit des coadjuteurs apostoliques pour l’exercer après lui quand il serait retourné vers son Père. Et pour les confirmer eux-mêmes dans la foi, il mit au-dessus d’eux et investit du sublime Pontificat un homme exceplionnellement prédestiné dont le Nom, plein de mystère (Barjona) rappelait cette Colombe du Patriarche qui devait reposer à jamais sur sa tête et sur celle de ses successeurs.

La grandiose scène évangélique et les paroles sacrées du Maître par lesquelles le premier de tous les Papes reçut le pouvoir des clefs et l’investiture de l’autorité souveraine sont connues de l’univers. Depuis dix-neuf siècles, l’Église-Mère enseigne et chante tour à tour à ses plus ignorants enfants les sublimes protestations de l’amour de Pierre, son Reniement suivi de si grandes larmes, ses immenses travaux apostoliques chez les Juifs et chez les Gentils, sa prison et