Aller au contenu

Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
44
LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

teurs que cette apparition est un présage. Quelques uns peut-être se rappellent ce futur roi de Rome, Tarquin l’Ancien, sur lequel un aigle se posa au moment où, pour la première fois, il se rendait dans la ville éternelle ; d’autres songent au Pape Saint Fabien, qu’une colombe avait désigné de même aux suffrages du peuple et des évêques, et les acclamations redoublent : « Evviva ! Evviva ! Voilà le Pape ! » On prend un long roseau comme il en pousse au bord des fossés en Italie, et l’on frappe doucement l’oiseau ; il s’envole, mais il revient, reprend sa place sur la voiture et y demeure immobile. Alors l’enthousiasme est au comble : « Oui, voilà le Pape ! le Pape de la colombe ! » On les suivit en courant jusqu’aux portes de la ville. Là, seulement, l’oiseau reprit son vol et alla se reposer sur la porte même de la prison, où étaient détenus plusieurs condamnés politiques[1]. »

De quelque manière qu’il plaise à la critique d’accueillir cette anecdote et même en la supposant apocryphe, elle n’en n’est pas moins confirmative de l’opinion universellement accréditée que les papes sont, en une manière, élus et couvés par l’oiseau baptismal qui symbolise évangéliquement la Troisième Personne divine. Quant à Pie IX, deux cent soixantième successeur de Pierre, — le seul quiait dépassé les vingt-cinq années de l’épiscopat romain du Prince des Apôtres, contrairement à une tradition consacrée jusqu’à un certain point par la liturgie elle-même dans la cérémonie du couronnement des papes, — son règne a été marqué de tels signes exceptionnels qu’il n’est pas possible de s’étonner

  1. Villefranche. — Pie IX, sa vie, son histoire, son siècle, pp. 20 et 21