Page:Bloy - Le Salut par les juifs, 1906.djvu/127

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Mais il s’agit là d’un point central, de l’axe même des paraboles à venir, de l’essieu des Roues d’Ézéchiel, et si on veut parler sérieusement de ces deux premiers fils d’Adam qui sont à l’aube des antagonismes humains, toutes les Idées essentielles vont se précipiter en poussant des cris…

Qu’il suffise d’observer que le Seigneur, ne pouvant parler que de Lui-même, est nécessairement représenté du même coup par l’un et par l’autre, par le meurtrier aussi bien que par la victime, par celle-ci qui est sans gardien et par celui-là qui n’est le « gardien » de personne.

L’innocent Abel « pasteur de brebis », tué par son frère, est une évidente figure de Jésus-Christ ; et le fratricide Caïn, maudit de Dieu, errant et fugitif sur la terre, en est une autre non moins certaine, — puisqu’ayant tout assumé, le Sauveur du monde est, à la fois, l’Innocence même et le Péché même, suivant l’expression de saint Paul[1].

L’aventure du Prodigue rappelée tout à l’heure, n’est, au fond, qu’une des innombrables

  1. II Cor. V, 21.