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Page:Bloy - Le Sang du pauvre, Stock, 1932.djvu/158

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appris à parler, on lui aura fait comprendre que la richesse est l’unique bien et qu’il est, précisément, possesseur d’une richesse immense. De très bonne heure il saura qu’étant le fils de son père qui fut un admirable voleur, il a droit au respect le plus profond et à l’unanime adoration des autres mortels, si toutefois on peut croire qu’il soit lui-même un mortel. Sans risquer la méningite, il devinera que ce droit, conféré par la possession de l’argent, surpasse infiniment tous les efforts de l’intelligence et qu’il est ridicule de se surmener.

Si son éducation est très-bien faite, le mépris de la pauvreté sera son flambeau, sa lumière pour tout éclairer, tout discerner, tout dé-

    messe rapide, uniquement pour la forme, juste ce qu’il faut pour sauver saint Dominique. Occasion, pour messieurs les élèves, de s’unir au Saint Sacrifice en lisant des cochonneries. L’après-midi du dimanche, vêpres au Cirque, au Cinématographe, en divers théâtres où leurs maîtres les conduisent. Mais ils préfèrent la boxe, les courses et la danse qui fatiguent moins leur cerveau et on les y encourage volontiers. Inutile d’ajouter que l’abstinence et le jeûne sont sévèrement prohibés. Quant aux mœurs, on présume qu’elles feraient peur à des chevaux de remonte. Cet établissement est recommandé aux familles riches et ambitieuses pour leurs enfants d’une éducation distinguée.