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Page:Bloy - Le Sang du pauvre, Stock, 1932.djvu/169

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légitime, — ce qui est impossible et contraire à la raison, — un atome de conscience vous forcerait à vous en dépouiller. L’argent est pour la Gloire de Dieu, sachez-le bien, et la Gloire de Dieu est au sein des pauvres. Tout autre usage qu’on en peut faire est une prostitution et une idolâtrie. Mais, avant tout, c’est un vol. Il n’y a qu’un moyen de ne pas détrousser les autres, c’est de se dépouiller soi-même. Ce langage est nouveau pour vous, n’est-ce pas ? On ne parle pas ainsi dans vos milieux de crétins et de fainéants. N’importe ! cela me fait du bien de dire ces choses et de vous forcer à les entendre. Pour votre profit, je vous souhaite la ruine et la misère. Vous saurez alors ce que c’est que l’argent. Jusque-là vous resterez une brute. Si j’avais le malheur de devenir riche, monsieur le millionnaire, je n’aurais rien de plus pressé que de redevenir pauvre pour avoir le droit de boire du bon vin et de manger de délicieuses volailles. Les choses fines sont pour les pauvres, exclusivement, et les riches n’ont droit qu’aux ordures et aux tortures. Vous le comprendrez plus