Page:Bloy - Le Sang du pauvre, Stock, 1932.djvu/36

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européen, présentera la figure d’un monstrueux hippocampe saluant le pôle.

Voilà donc la carte de Napoléon qui ne voulait pas qu’il y eût des mendiants en France et qui fit un code célèbre où l’inexistence du pauvre est supposée. On n’avait jamais vu cela dans aucune législation chrétienne. Le pauvre y avait toujours sa place, quelquefois même la place d’honneur qui est la sienne. C’est pourquoi il n’y eut jamais, pour un temps si court, un aussi puissant empire. Napoléon, hélas ! le plus dévorant et le plus adorable des instruments divins, l’homme tout-puissant au cœur immobile, à ce qu’on a prétendu, et qui allait, il ne savait où — il l’a confessé lui-même — ; empereur et roi, souverain maître de l’Occident sous qui tremblèrent tant de peuples ; la voilà donc la carte qu’il croyait savoir par cœur !

Il n’y a plus de Paris, plus de Berlin, plus de Vienne, peut-être, ni de Rome, ni de Moscou. Londres, la seule capitale qu’il n’ait pas conquise, est au fond des mers qu’elle pensait