Page:Bloy - Sueur de sang.djvu/149

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combattant pour la patrie et qui furent envoyés vivants au pourrissoir.

Sur une masse de quarante-cinq bataillons, six seulement furent opposés à l’ennemi, dans les plus atroces conditions imaginables. C’étaient les 2e et 3e de la légion de Rennes ; le 1er, de la légion de Saint-Malo ; les 1er, 2e et 3e de la légion de Redon-Montfort.

Ces troupes n’avaient jamais été exercées ni même armées. Le bataillon de Saint-Malo, par exemple, ne reçut des fusils, hors d’usage, d’ailleurs, et non accompagnés de cartouches, que le 7 ou 8 janvier, c’est-à-dire après deux mois de cantonnement dans l’horrible purée mentionnée ci-dessus et trois jours avant l’affaire décisive de la Tuilerie où on les mit en présence des formidables soudards de Mecklembourg.

Il paraît que ces fiévreux mangés de vermine et incapables de défendre leur peau une demi-minute, étaient redoutés comme chouans probables ou possibles. Rien ne prévalut contre cette imbécile crainte et les malheureux furent sacrifiés odieusement dans les circonstances précises où devait s’accomplir le dernier et suprême effort de la guerre de résistance.

Ils le sentaient bien, les infortunés Bretons qui se révoltèrent plusieurs fois et tentèrent de déser-