Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/181

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comme j’estime qu’il est nécessaire d’agir, il faut qu’il y ait des raisons à cela, il faut bien qu’il y ait tout de même à cette conduite des motifs peut-être valables, je le crois, en tout cas, intelligibles.

Je ne vous demande pas une confiance aveugle, une confiance personnelle. Mais, cette confiance, du fait de ma constance avec moi-même, du fait de ma conscience de militant et de cette faculté, malgré tout, de jeter sur les événements un regard empreint de quelque clairvoyance raisonnable, cette double confiance, je crois que vous pouvez tout de même l’avoir en moi.

Alors, ces motifs ? Dans toute la mesure où cela est possible, je veux essayer de vous les faire comprendre maintenant, vous parlant face à face, moi chef du Gouvernement, et vous, militants du Front Populaire.

Vous pensez bien qu’aucun des arguments qui vous sont familiers ne m’échappe.

Je sais très bien, dans cette affreuse aventure, quels souhaits doivent nous imposer l’intérêt national, l’intérêt de notre pays, en dehors de toute espèce d’affinité ou de passion politique. Je suis obligé ici de mesurer mes mots, et vous le comprendrez.

Je sais que le maintien du Gouvernement légal de la République Espagnole garantirait à la France, en cas de complications européennes, la sûreté de sa frontière pyrénéenne, la sûreté de ses communications avec l’Afrique du Nord et, sans que je me permette aucune prévision sur un avenir que nul ne connaît exactement, je peux pour le moins dire que du côté du Gouvernement militaire, il nous est impossible au contraire de prévoir avec certi-