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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

vous parle comme à un bon ami ; croyez-moi il faut m’oublier si vous ne voulez pas faire naître de grandes douleurs autour de vous.

Jacques s’était levé. Une insurmontable envie de pleurer le prenait à la gorge. Sa sensibilité déjà nerveuse s’exaspérait encore, butée sans pouvoir la franchir à cette barrière de la raison impitoyable.

— Vous partez ? demanda-t-elle.

— Oui, je ne veux pas pleurer devant vous.

Marie-Anna vit ses yeux brouillés par les larmes. Une légère pâleur envahit son front. S’approchant de lui, elle murmura avec une indéfinissable expression de douceur, presque maternelle :

— Un peu de courage ! C’est parce que je vous aime bien que je vous parle ainsi.

Il la fixa un instant dans les yeux déjà penché pour saisir cette superbe tête blonde à deux mains et la couvrir de baisers désespérés. Mais elle dit vivement, effrayée de l’effet de ses dernières paroles :

— Adieu, M. de Villodin. Revenez me voir bientôt… quand vous serez plus sage.