Page:Bluther - Marie-Anna la Canadienne, 1913.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
MARIE-ANNA LA CANADIENNE

tendaient pas et ne demandaient pas davantage, les jeunes filles se présentèrent à leur tour en voyant les deux Français s’incliner cérémonieusement ; mais elles parurent en éprouver quelque contrainte. La conversation s’éteignit dans une minute de malaise.

Une demi-heure passa qui sembla d’autant plus longue que l’orage ne s’apaisait pas. La foudre roulait de toutes parts sur les montagnes comme une avalanche de roches monstres. Autour de la misérable cabane où Marie-Anna, Jeannette et les deux étrangers s’étaient réfugiés, le vent mugissait entre les troncs et les branches comme en de capricieux corridors. Les jeunes filles se serraient l’une contre l’autre, unies par un même sentiment de religieuse terreur. À leur angoisse se mêlait un commencement d’impatience car les ténèbres devenaient épaisses et cette fois c’était bien la nuit qui les enveloppait dans la forêt.

Leurs compagnons de rencontre et d’infortune semblaient accepter la mésaventure de plus calme façon. Le plus grand, celui qui s’était présenté sous le nom aristocratique de Villodin, loin d’être effrayé par le vacarme du ciel et des montagnes goûtait un véritable plaisir à ce concert.