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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

— C’est toi, Henri ! interrogea-t-elle à voix, basse.

Il poussa la porte sans répondre et laissa passer la jeune fille. À peine étaient-ils tous deux sous la lanterne du portique qu’il se découvrit et se pencha. Marie-Anna poussa un cri :

— Jacques ! Jacques !  !… Ô mon Dieu !

Il la regardait dans les yeux, bouleversé autant qu’elle-même, n’osant pas parler encore. Le premier mot que Marie-Anna entendit sortir de sa bouche alla remuer au plus profond de son âme tout un monde de souvenirs, tout ce qu’il y avait de vivace encore dans son amour agonisant : « Mia-Na !… » Ce fut doux comme la goutte de pluie qui tombe sur la fleur étiolée et lui rend sa fraîcheur printanière :

— Mia-Na !… Tu vois comme je t’aime ! murmura-t-il en tendant les bras vers elle.

Marie-Anna se méprit en voyant son geste et aussitôt les mains jointes supplia :

— Oh non, pas ici ! Par pitié, pas ici !

Ils étaient toujours sous le portique de l’égli-