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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

les hommes le virent s’asseoir sur un tas de madriers, les coudes sur les genoux, le menton dans les mains, indifférent à tout ce qui l’entourait. Au bout d’un instant, il se mit à marcher de long en large sur le chantier.

Jean Villon restait Jacques de Villodin. Il avait l’esprit complètement absorbé par ses pensées, par son malheur, par sa terrible jalousie… par son amour. Car hélas, il faut bien le dire : il l’aimait plus que jamais, Marie-Anna, la blonde Canadienne si jolie ! N’était-ce pas pour l’amour d’elle qu’il avait fait tant de folies depuis son départ de Rézenlieu ? N’était-ce pas pour la revoir qu’il avait même bravé son père, un jour et retraversé l’océan ? N’était-ce pas pour la reconquérir qu’il passait des nuits à siffler sous sa fenêtre et cherchait querelle à Henri Chesnaye par tous les moyens, duel ou chicane de portefaix ?

Il rougit de lui-même.

— Je me conduis comme un valet ! se dit-il avec amertume. Mais pourquoi ce lourdeau refuse-t-il le duel, aussi ? Ah oui, l’enfer !…

Un sourire singulier vint errer sur ses lèvres quand elles prononcèrent ce mot mais aussitôt il