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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

pensa à Dieu et son sourire se figea. Jacques était chrétien ; il appartenait à l’une de ces vieilles familles de France, noble comme les Montmorency et les Guise, héritière d’une tradition pieuse, chevaleresque, vivant de siècle en siècle depuis six cents ans dans l’honneur d’un nom sans tache et dans le prestige d’un passé glorieux…

Jacques de Villodin s’assit sur un tas de pierres et laissa tomber sa tête dans ses mains. Il soupira longuement.

— Partir ! murmura-t-il. La laisser, ne plus la revoir !… Oh non, Marie-Anna, je ne peux pas ; je ne pourrai jamais !

Il se leva et se remit à arpenter le chantier, les yeux humides, les mains derrière le dos, impuissant à se dominer. Il bouscula deux Italiens qui regardaient le fleuve. Jacques ne songea pas à les rappeler au travail et continua sa marche inconsciente. Deux minutes plus tard il se revit auprès de ces mêmes Italiens qui paraissaient discuter avec animation. Sans modérer la dureté de sa voix, le surveillant les apostropha :

— Eh là ! Ce n’est pas l’heure de bavarder !