Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/325

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« Et c’est déjà demain qu’il part ? » dit le chasseur avec étonnement. Ils sont si pressés ? Où doit-il se rendre ?

« À Königgraetz. »

« Nous ferons alors le même chemin à la différence que je le ferai par eau sur les trains de bois de flottage, au lieu qu’il ira sur la terre ferme.

Les garçons accoururent dans la chambre ; Jean et Guillaume montrèrent au chasseur de Riesenbourg le milan qu’Orlik avait tué ; et Orlik raconta à son père, qu’ils avaient été à la digue où ils avaient vu la folle Victoire.

« Elle vit encore, » demanda monsieur Beyer avec étonnement ?

« Hélas ! oui, la pauvre malheureuse. Mieux vaudrait qu’elle fût sous la terre, que dessus, » répondit grand’mère.

« Mais elle vieillit déjà ; on ne l’entend plus chanter que rarement, excepté quand les nuits sont bien claires. »

« Mais elle se tient souvent assise auprès de la digue en regardant dans l’eau, elle y reste parfois jusqu’à minuit, » dit le chasseur. « Je passai près d’elle, hier soir ; il était déjà tard ; elle arrachait des baguettes de saule pour les jeter dans l’eau. Qu’est-ce que tu fais ici lui demandais-je ? Pas de réponse. Je réitère ma question. Alors elle se retourne vers moi ; ses yeux étincellent ; je crois qu’elle va sauter sur moi. Mais peut-être qu’elle m’a alors reconnu, ou qu’une autre pensée lui a passé par la tête, car elle se retourne du côté de l’eau et jette encore, l’une après l’autre ses baguettes de