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saule par dessus la digue. Pas moyen d’entrer en rapport avec elle. J’en ai compassion ! et c’est pourquoi j’en suis à lui souhaiter la fin de sa misérable vie ; et pourtant si je ne la voyais plus auprès de la digue, si je ne l’entendais plus chanter quand je suis à l’affût, il me manquerait quelque chose dont je sentirais le regret, dit le chasseur qui tenait encore le milan.

« Quand on a ses habitudes, il est difficile d’y renoncer, » dit Beyer, en mettant un petit morceau d’amadou enflammé dans une courte pipe d’argile ; et quand il en a eu tiré plusieurs bouffées, il continua : Que ce soit à une personne, ou à un animal, ou même à un objet l’accoutumance est la même.

Par exemple, voici la pipe avec laquelle j’ai l’habitude de fumer, quand je vais en route ; c’est avec une pipe toute semblable que fumait ma mère, telle que je la vois encore assise devant sa porte.

« Qu’est-ce donc, votre maman fumait », s’écria Barounka avec étonnement.

Il y a nombre de femmes qui fument en pays de montagne, et particulièrement des femmes âgées, mais avec cette différence qu’au lieu de tabac, elles consument des tiges de pommes de terre et des feuilles des cerisiers, si elles en ont. »

« Je ne pense pas que le goût en soit bien bon, dit le chasseur de Riesenbourg, qui lui aussi allumait sa belle pipe de porcelaine peinte.

« Il y a aussi dans les forêts, dit M. Beyer certaines places exceptionnelles que j’affectionne particulièrement à cause du souvenir qui pour moi les rattache à certaines personnes, ou à différentes cir-