Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/48

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demanda le retour en son pays, biens et honneurs, suivant l’ordonnance[1] de Venise pratiquée presque en toute l’Italie : et obtint loyer de son exécrable déloyauté. Il vaudrait peut-être mieux que leur cité fût abîmée qu’un tel cas fût advenu. Le Roy de France reçut en bonne part l’excuse de Maximilian Roy de Bohème l’an M.D.L.VII de ce qu’il avait refusé saufconduit au Duc de Wittemberg pour les Ambassadeurs de France, confessant que c’était enfreindre le droit des gens : neâtmoins
il dift qu’il riofoit defobeir à fon pere. Et s’il eft licite de violer le droit
des gens pour obéir au pere en fi peu de chofe, quelle raifon, quel argu¬
ment, pourrait on trouuer quel qu’il fuft d’attenter à la vie du pere ? Et
combien que tel parricide foit fort deteftable, fi eft-il encores plus per-
nicieux pour la confequence. carpuifque on doneloyer à celuy qui tue
fon pere pour quelque couleur que ce foit,qui eft celuy qui feraaffeuré
des Itérés, & proches parés! Et de fait il eft aduenu l’an m. d. l x v 11. que
SampetreCorfefuttué par fon coufin germain, qui eut dix mil efcnz
pour le taillon qui auoit efté leué,par ordônance de la feigneurie de Ge-
nés.Il eftoit bien plus expedient de fuiure3 Ciceron,lequel ria pas feule¬
ment voulu coucher par efcrit les mefmes queftions formees par deux4.1.nontomucs de anciens Philifophes Antioque ôc Antipater,ains les a euitees comme vn
rcmüican. ^ precipice haut ôc gliflànt.Ioint aüfsi quelaloy 4 refifte formellement ôcdefend de permettre aucun loyer au banni,pour tuer les brigans, enco¬
res quel’Empereur Adrianfuft bien d’auis qu’on pardonnai! la faute au
banni, ie dy donc qu’il eft bien expedient que les Princes ôc legiflateurs
remettent lus l’es anciennes loix,touchât la puiflance des peres fur les en¬
fans, & qu’ils fe reiglent félon la loy de Dieu:foient enfans légitimés, ou
naturels,oul’vn Ôc l’autre enfemble,pourueu qu’ils ne foient point con-
ceuzparincefte,que lesloix diuines& humaines ont toufiours eu en ab-6.1.thumilem & au- hominatio^.Mais 011 dira peut eftre qu’il y a danger que le pere furieuxtnent.ex comple-tj .tT f 1 1 •tl 1 • Vr rtrxu.deinceftis&in- ou prodigue abule de la vie,ôc des biens de les enfans. le relpôds quelesfuggeftio; de verb.loix ont pourueu de curateurs à telles gens, & leur ont ofté la puiflance
fluolubTcuido' ^ur autruy > attendu qu’ils ne l’ont pas fur eux-mefmes. Si le pere rieft
Papusciuæft.dei. point infenfé,iamais il ne luy aduiendrade tuerfon enfant (ans caufe. ôcj8o.Aflic.denl. 15/ r rt• r tnBart: in i. fi vtpro- ii i enrant i a mente, les magiitrats ne s’en doiuent point mefler. car l’af-ponis.de dignit. r ^t^ ^ 0,t± .. l.cum furiofusis fe£fcion,& amour eft iî grande des pere, &mere enuers les enfans, que lavk/amii.ercifcT 7 ]oy ria iamais prefumé qu’ils facent rien qu’au profit & honneur destêrdfko’mâtdc’ cll^ans : & 4ue toute fuipicion de fraude 8 ceffe pour le regarddes peresî.fi vero.^.penuL enuers leurs enfans.Et qui plus eft,ilz oublient fouuent tout droit diuinlum. §.Pdevnode & humain pour les faire grands à tort ou à droit. Et pourcefte caufe, le9 vaïerPmaX. îib.s PeIe ayant tue fon filz, n’eft point fuget à la peine1 des parricides : car laitnTdï Pôpeiam ^ na Pas Prc^um^ qu’il vouluft faire fans b oniie Ôc iufte caufe : ôc luy ao. i.marito.ad i. donné priuatiuement°à tous autres,puiflance de tuer l’adultere, ôc là fil¬
ial. de aduk.ff. itr ] r-^ rt1t^le trouuez lus le rait.Qui lont touts arguments neceflaires,pour moftrer
qu’il ne faut pas craindre que les peres abuzent de leur puiflance. Mais

  1. in statutis Venet. & edicto Mediolani. anno. 1564 Augusto Mense