Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/49

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on répliquera, qu’il s’en est trouvé qui en ont abusé : soit [….] néanmoins que jamais sage législateur, ne laissa à faire une bonne loi, pour les inconvénients qui adviennent peu[1] souvent. Et où fut oncques loi si juste, si naturelle, si nécessaire qui ne fût sujette à plusieurs inconvénients ? Et qui voudrait arracher toutes les absurdités qui résultent des bonnes lois, il n’en demeurerait pas une. Briesie dy que l’amour îwù— 4.catoin oratio-
sel des père &c mère enuers leurs enfans, est împossible, &c incompatible apUC, £1Uiû ]&. ^
auec la cruauté, & que le plus grand tourment que peut endurer vn pè¬
se, s’est d’auoir tué son fils : comme de fait il est actuenu de nostre mé¬
moire au pays d’Anjou, qu’vn père ayant sans y penser tué son fils
d’vne mote de terre, se pendit à l’heure mefmes, encore s que personne
lien fçeuft rien. Aussi les ; Ægyptiens, pour toute peine qu’ils ordon— j.Diodor, 
noyent au père qui auoit tué son enfant à tort & sans cause 3 c’effort de le
enfermer trois ieurs auprès du corps mort, car ils tcnoyent pour chose
detestable, que pour la mort du fils on oftaft la vie au père, duquel il te-
noit lafienne. Encore s peut on dire, que files peresauoyentla puissance
delà vie & de la mort fus leurs enfans, qu’ilspourroyentles contraindre
à faire chose contre laRepublique. Ierefponds que celan’est pas àpre-
fumer : & toutessois quand bien il feroit ainsi, les6 loix y ont sagement i.meà quo.§.
pourueu, ayant de tout temps exempté les enfans de la puissance des pe-t^ses, en ce qui touche le public : comme aussi fift bien entendre Fabius, VZ
Gurges : car estant Consul, & voyant que son père venoitàluy monté à
cheual, il commâda à vn huifïier de le faire descendre, qui le trouua fort £y &
bon, faisant honneur à son fils, & le careflant, pour auoir bien entendu ^
fa charge. Et tant s’en faut que les sages pères vouluflent rien comman¬
 der à leurs enfans, qui portaft coup au bien public, que mefmes il s’en est trouué qui les ont fait mourir, pour auoir contreuenu aux loix pu¬
bliques : comme fift Brutus ses deux enfans, &Torquat le consul, qui fift
triompher son fils en son camp, pour auoir vaincu son ennemi aucom¬
bat, & puis luy fift trancher la teste, pour auoir combatu contre fade-
fense, fuiuant la loy des7 armes. Il y a encore s vne obiedtion pour le re— 7.

☞ deremint.ff
gard des biens des enfans, s’ils estoient en la plaine disposition des pères, 
ils pourroyent sans cause detheriter les vns, & enrichir les autres. le ref-
pods que les loix y ont aussi pourueu, faifànt ouuerture de la instice aux
enfans def-heritez sans8 causè. combien que Tancienne façon des Ro— de^ppeiilîion^.
mains effort encore s plus louable, de ne têteuoir iamais l’enfant à deba— causas.
tre la volonté du père, par Voyez d’action, ains seulement9 par Voyez de ^toto tit. de inoff.
requeste, & parlant du père defund : en toute humilité, honneur, & re— ^cbonor.
uerence : laissant le tout à la discretion &c religion des iuges. mais depuis poslefT, 
 que les Præteurs, qui ne pouuoyent donner les successions, donnèrent
la possession des biens qui valoit ° autant, & qu’on les eut attachez à cet— x.Plutar.inLyeur.
taines légitimés, &c ordonnances testamétaires, aussitoft on apercent la
„ defobeissance & rebellion des enfans.qui fut la seule1 cause, que l’vn desc iij

  1. l. 3.4.5. de leg.