Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/50

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2.Numeri30tDE LA REPVBLI QV EEphorcs publia la loy teftamentaire en Lacedemonne,àce qu’il fuft des
lors en auât permis à chacun de faire héritier qu’il voudroit,n’ayât autre
occafion que l’arrogâce defonfils, auquel la fucceffion du perenepou-
uoit fuir parla couftume du pays. O que ficela auoit lieu par tout, qu’on
verroit les enfans obeïflans,& feruiables aux pere & mere 1 & combien
ils auroy ent peur de les offenferiMais affin de trâcher la racine à touts les
arguments quon peut faire,nous auôs laloy de Dieu expreffe, qui pour
le moins nous garentirade touts incoueniens, pour le regard de la puit
fance de la vie & de la mort,donee aux pere &c mere fus leurs enfans, en¬
cores que les biens fuflent en la difpofîtion de la1 loy.Nous auons dit que la puiflance paternelle s’eftend auflî enuers les en¬
fans adoptez :& combien que ledroid des adoptions eftâtdecheu peu
àpeu,foitprefque eftaint, par le moyen des loix deluftiniâ, lequel vou¬
lant retrancher les abus qui s’y commettoyent,l’a prefque aneâtie, neat-
moins il eft bien certain que c’eft vn ancien droit,& commun à tous lesÎ>euples,& :de grande confequence à toutes Rcpubliques.Nous voyons
es plus anciens peuples l’auoir eu en finguliererecommâdation :& mef¬
mes Iacob 5 adopta Ephraim &Manafié fils de Iofeph,encores qu’il euft
douze enfans viuans,qui en auoyent plufieurs autres,& leur donna part&tportion des aqueftsparluy faits. EtquantauxÆgyptiens,nousen
auons l’exemple de Moyfè quifutadopté 4 comme fils de Roy. Nous
voyons auffi Thefee auoir efté adopté folènnellement par Ægeus Roy
d*Athènes,le faifant fon fuccefleur en I’eftat :vray eft qu’il eftoit fon fils*
naturel. & depuis ce teps là,tous les Atheniens qui auoyent enfans natu¬
rels des femmes d’Athènes,furent contraintz les adopter,& les faire en-
yt^ ofH*^regiftrer comme enfans légitimés, & leur laifter leur part & portion des^lens comme aux autres, ainfî que nous liions6 es plaid oyez des dixj.Gentf.vît.4.Exodi ï.j Plutar.in Thef.trdia,Pivenippu,Ma orateurs. car il 11 appelloyent baftard7, que ccluy gui eftoit ne de pere.curtatu,Leochare.trr Jt}t5 ^tAtï J7.tNothum voca- ou de mere eitrangere,ores qu elle rult remme d nonneur.comme aufïibant.Pluthar.int•-t-t- —Themi. &Pericle.tous les peuples d’Orient ne faifoyent point ou peu de difFerence entre
les enfans naturels,& légitimés,ainfi que nous voyos les enfans des châ-
brieres de Iacob auoir efté en pareil degré de biens, & d’honneurs que
les autres légitimés. & mefme Diodore8 efeript que les enfans des Ægy-
ptiens conceuz des efclaues, auoyent autant de prerogatiue que les au¬
tres.car il leur eftoitpermis * d’auoirtant de femmes qu’ils vouloyent.
comme aux Perfes1 & à tous les peuples de la haulte Afîe :couftume queS.lib t.c.j.
^.Herodot.lib.i.ï. Hcrod lib.j.
ïuftin.lib, ~.T«- ils ont encores à prefent,&prefqu’en toute l’Afrique : & n’y auoit, dit
vxorcm. tacite,de tous cs barbares,que les peuples d’Alemaigne qui n auoyentj.cap. ;.que chacun vne femme. Nous auons rendu la raifon en la methode des
3 hiftoires. Il falloit donc par confequent que tous les enfans d’vn mef¬
me pere,fuflent en fa puiffance,foit qu’ils fuflent adoptez ou non. Mais
les Romains ne faifoyent ny mife , ny recepte anciennement des
enfans naturels, non plus que d’eftrangers, quineleureuflent en rien