Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/56

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36tDE LA REPVBLI QJ/ Edes IfLes Occidentales, qui font trois fois déplus grande eftenduè, que
toute l’Europe,quin’auoient iamais ouy parler de loix diuines, ny hu¬
maines, onttoufiours efté pleines d’efclaues : nefe trouuepas vne
feule République qui fe foit exemptee des efclaues ivoire les plus fain&s
perfonnages qui furent onques en ont vfé. qui plus eft, en toute Repu¬
blique le feigneur a eu la puiflance des biens, de la vie, & de la mort fus
l’efclaue : excepté quelques vues où les princes &c legiflateurs ont mo¬
déré cefte puiflance. Il n’eft pas vray-femblable que tant de Roys & le¬
giflateurs euflent attenté contre nature, ny que les figes & vertueux
s 11 quîbus ex Sommes 1’euflent approuué 5 ny tant de peuples par tant de fiecles euf-
caufis manu mit- fent receu les feruitudes, voire defendu par quelques8 loix d’afranchir
les efclaues, finon en certain nombre : & neantmoins ont fleuri en ar¬
mes, & en loix.Et qui voudroit nyer,que ce ne fuft chofe honnefte, &
charitable de garder vnprifonnier de bonne guerreje loger, coucher,
veftir,nourrir,en faifànt le feruice qu’il pourra, s’il n a dequoy payer (a
rançon,au lieu de le maflacrer de fàng froid ? c’eft la premiere caufe des
efclaues.Dauantage,les loix diuines,& humaines veulet9 que celuy qui5.tgeneraliter 11’a dequoy payer pour la faute par luy commife, foit puni corporelle-
fdq^dde iunf-S ment. O r celuy qui fait iniuftement la guerre aux biens,à la vie, à l’eftat
d’autruy, qui doubte qu’il ne foit vray brigand ,& voleur, & quil 11e
j.Eftenîm tpww rb merite la mort ? Ce n’eft donc pas contre nature de le tarder pour fer-çv^rU, mquitt1. ï 1 f* -tritATt*t1Euftathius}& a- uir au lieu de le faire mou rir, car le mot de leruus, quoy qu on ay t voulu
reprendre Iuftinian, vient à feruando1. Et fie’eft oit contre nature que
feruotvn homme euft puiflance fus l’autre de la vie, &de la mort,il.n’y auroitï/f^tDç fermo^non à ny Royaumes,ny feipiieuries qui ne fuflent contre nature,veu que lesferie vtVarro pu- / J tUL -—D—ttt _vt—t^tat.&Feftuseritu- Roys & Monarques ontmelme pulilance iur touts leurs iugets,loyent•nem ;;interpreta-t~t~t~t°r feruitucem & : Æolico digam-t,__.a fit ferfos vtda- JtAt.fos ofom,æfom refpofe.Ie confefleray que laferuitude fera naturelle.,& quand l’hommequod efferebanttrt1Lt3 /1veteres danus tort,rorde,riche, & ignorant,obéira au lage,diicret & roible,quoy qu ilouum.aruum. r .t. -, ,°n-> . ï rtr°i ïttioit pauure. mais d alleruir les lages au rois, les ignorans aux hommes
entendus, lesmechans aux bons, qui dira que ce ne foit chofe contre
- nature ? fi ce n eftoit qu’on vouluft fubtilizer, que l’efclaue bien auifé
gouuerne & : commande à fon feigneur, & le fage confeillerà fon Roy
mal-aduifé. De dire que c’eft vne charité louable garderie prifonnier
qu’on peut tuer,c’eft la charité des voleurs, Sc corfaires quife glorifient
d’auoir donné la vie a ceux qu’ils n’ont pas tuez. Or voit on bien fou-
^Rrque les hommes doux & paifibles font la proye des mechans,
r/fn quand on vient à départir les differens des princes par guerre, où le
c** Ié£S~~ vaincueur a bon droidt, &le plus foible a toufiours tort. Et fi les vain-
^ eus ont fait la guerre à tort,& fans caufe comme b rigans,pourquoy ne
les met-on à mort ? pour quoy n’en fait-on iuftice exéplaire ? pourquoy
les reçoyt-on à merci puifqu’ils font voleurs ? Etquantàce qu’oiidiâ :quedinem interpreta- r .t_t. r At^tur feruitucem & kigneurs ôu eiclaues. Ces railons ont bien quelque apparence pour
ma fit ferfos vt da- monftrer que la feruitude eft naturelle, vtile, & honefte. mais il y a bienquod efferebant