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Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/59

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LI VR’.E PREMIER.t39de mettre àmorttous fes efclaues, fuiuant, dit4 Tacite,la couftume an- 4&-U- &
cienneje menupeuplequieftoitpourlaplus part d’homes afranchiz,
s’efmeut,d’autant qu’on fçauoit bien qui eftoitle meurdrier, & neant-
tnoins il falloit mettre à mort quatre cens efclaues inn ocens du fait :tou-t^tesfois la chofe debatue au fenat.il fut refolu que la couftume feroit gar-t^dee, & de fait tous les efclaues furent mis à mort. le laide les meurdrest^des efclaues qui eftoyent contraints s’entretuer aux arenes pour donner
plaifir au peuple, &l’accouftumer au mefpris delà mort. Et iaçoit que la
foy Petronia euft fait defenfe d’y mettre efclaue, qui n’euft mérité la
mort,fi eft-ce quelle ne fut iamais gardee, non plus que ledit de l’Em-ÎjçreurNeron, qui futle premier ° qui deputa commidàires pour ouyr o. scuera îib.j.dc
es plaintes des efclaues : & après luy F Empereur Adrian J,ordona qu’on_f. Spartian,informeroit cotre ceux qui malicieufemét tueroyent leurs efclaues fans
caufe :combien que long temps au parauant ceux là eftoyent coupables
comme meurdriers,par la loy6 Cornelia, mais on n’en tenoit compte. ^ Uibcr homo
& tout ce que pouuoyent faire les efclaues, pour obuier à la cholere des
maiftres, c’eft oit d’aller amb rafler les images des empereurs.car ny le te-pie de Diane en Rome, que le Roy Seruius7 fils d’vne efclaue auoit or- 7. Dionyf.iib.4.ttjsdonné pour lafranchife des efclaues, nyl’ymage de Romule, que le fe-t^nat auoit eftabli pour mefme caufe, nepouuoyent pas empefcherla fu-rie des feigneurs-.non plus que le fepulchre de8 Thefee en Athènes, ny 8< PIutar ^ Thc.l’image de Ptolemee en Cyrene, ny le temple de Diane9 en Ephefe. ia- ^hilôftrat> în vi.çoit que fi l’ordonnance des Ephefiens euft efté gardee, 1 efclaue seftât ta Apoiionij.retiré au temple, s’il auoit iufte caufe, eftoit perdu pourlefeigneur, ôcferuoit à Diane, fi ce n eftoyent femmes qui n entroyent point en fontemple : & fi l’efclaue auoit tort , il eftoit rendu au feigneur , aprèsauoir fait ferment de ne le traiter point mal, comme eferit Achilles1tStatius. Mais Tibere,l’vn des plus ruzez tyrans qui fut oneques furfà ïophomï&ŸeuIvieillefle,1 ordonna que les efclaues qui auroyent recours à fon image “£Ç ;joftrat in A-fuffenten feureté, & fus la5 vie d’en arracher l’efclaue tenant l’image : poiionij. ^ ^affin que parce moyen les efclaues pour la moindre 4 occafion vinfent depœnis î.i.deiisaccufer leurs maiftres : car mefmes on voit en Seneque vn fenateur s’ex- ^ib-l^benefi.eufer enuers Tibere, d’auoircuidé toucher Fvrinalfansy penfer, ayantl’anneau au doigt, auquel l’image de Tibere eftoit grauee, craignantla délation : tellement que les images des Empereurs , mefmementdes tyrans , çftoyent comme pieges pour attraper les maiftres, quifaifoyent mourir bien fouuent leurs efclaues, pour auoir eu recoursaux images, fi toft qu’ils eftoyent de retour. La loy de Dieu y auoitbien mieux pourueu, donnant la maifon d’vn chacun pour franchife àF efclaue fuyant fon maiftre, & defenfe de luy rendre en cholere. Cartous les maiftres n’eftoyent pas fi fages que Platon, qui dift a fon ei- yt^ J * fo, ^claue qu’ilFeuft bien chaftié s’il n’euft efté en cholere : veu mefmes que Wt4Tacite dit que les Alemans ne punifloyent jamais fin on en cholere.thd ij i^L