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iv
INTRODUCTION.

çonnée pour la première fois[1], mais on s’est abstenu d’aller aux preuves, soit qu’on désespérât d’ébranler un préjugé trop solidement établi, soit qu’on craignit de choquer des susceptibilités ombrageuses. Nous pensons, quant à nous, que l’Église chrétienne est assez riche en héros pour n’avoir pas à s’inquiéter de la révision de son glorieux martyrologe. Nous avons d’ailleurs pour nous l’exemple et l’autorité de plusieurs savants modernes. Dès les premières années de ce siècle, la vie de Boèce a été en Allemagne l’objet d’un examen approfondi ; Heyne, Hand, Baur, d’autres encore, en ont discuté, quelquefois avec passion, les moindres circonstances ; mais Obbarius, un des derniers venus dans la lice, peut passer à bon droit pour avoir enfin rendu à l’auteur de la Consolation philosophique son vrai personnage et son vrai caractère. C’est ce savant écrivain que nous avons consulté avec le plus de fruit. Dans les prolégomènes de son édition critique de la Consolation philosophique[2], il

    de la divinité. Ils n’étaient donc pas polythéistes dans la véritable acception du mot ; seulement, par respect pour l’usage, et sans que, pour eux, une telle concession pût tirer à conséquence, ils donnaient le nom de Dieux, soit aux ministres subalternes du Dieu suprême, soit aux forces physiques de la nature. Le polythéisme n’était donc à leurs yeux que la forme symbolique de certaines idées accessoires qui se conciliaient parfaitement avec le dogme fondamental de l’unité de Dieu.

  1. Cf. Joh. Sarisberiensis, Polycrat. ; Bruno, Comm. in Consol. philos. (coll. Ang. Maï) ; Glareanus, Præf. ad édit. Basil., 1570 ; Hug. Grotins, Præf. ad hist. Gothor., Vandal. et Longob. ; Brucker, Hist. crit. philos.
  2. Iéna, 1843, in-8.