Page:Boileau - Œuvres poétiques, édition 1872.djvu/483

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Faut-il laisser un La Serre impuni ?
Faut-il venger l’auteur de la Pucelle ?

Auteur, perruque, honneur, argent,
Impitoyable loi, cruelle tyrannie,
Je vois gloire perdue, ou pension finie.
D’un côté je suis lâche, et de l’autre indigent.
Cher et chétif espoir d’une veine flatteuse,
Et tout ensemble gueuse,
Noir instrument, unique gagne-pain,
Et ma seule ressource,
M’es-tu donné pour venger Chapelain ?
M’es-tu donné pour me couper la bourse ?

Il vaut mieux courir chez Conrart ;
Il peut me conserver ma gloire et ma finance,
Mettant ces deux rivaux en bonne intelligence.
On sait comme en traités excelle ce vieillard.
S’il n’en vient pas à bout, que Sapho la pucelle
Vide notre querelle.
Si pas un d’eux ne veut me secourir,
Et si l’on me ballotte,
Cherchons La Serre ; et, sans tant discourir.
Traitons du moins, et payons la calotte.

Traiter sans tirer ma raison !
Rechercher un marché si funeste à ma gloire !
Souffrir que Chapelain impute à ma mémoire
D’avoir mal soutenu l’honneur de sa toison !
Respecter un vieux poil, dont mon âme égarée
Voit la perte assurée !
N’écoutons plus ce dessein négligent.
Qui passeroit pour crime.