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LE MAGE

cortège des déesses et des saintes, annonciatrices de la Future Reine, de la Mystique Colombe, entrevue par Guillaume Postel[1].

Mais a-t-il même existé des mages ?


Atroce et sublime destinée s’il en fut ! Le mage est seul.

Je sais bien que la sorcière est fugitive, que le sorcier est maudit ; mais ils aiment la nature, ils communient avec l’universel soupir. La terre, sinon les hommes, leur est fraternelle, maternelle. Ils sont des parias, jamais des exilés ; ils ont de quoi reposer leur tête, sinon leur cœur, ils ont où dormir, sinon où aimer ; que dis-je ? ils aiment. Un esprit diabolique, mais tendre parfois, les berce au creux de son inconscience. Ils s’anéantissent, donc ils ne méconnaissent pas toute joie. Le Mage, lui, est seul vraiment ; à la fois surhumain et inhumain, infortuné et inaccessible, sans épouse, sans volupté, sans faiblesse. Il est : des yeux veufs d’émotion et de sommeil, une bouche vide de sourire, — une main et un front surtout.

« Eris sicut Deus, » lui a-t-il été dit, et le voilà plus pitoyable que le mendiant des routes.

Le Mage n’aime pas, parce qu’il est immortel. « Chaque fois que tu aimes, tu meurs d’autant, » prononce le Maître Janus de Villiers[2]. Et ce mot redoutable est exact. L’homme qui se marie à la vie, qui baise des lèvres amères et suaves, qui se propage en des fils, qui s’attache à la mouvante vague des jours, n’a-t-il pas renoncé à l’immortalité ? Il se disperse, celui qui ne s’exile pas de tout. Vous avez incliné de pitié votre tête, lourde de pensées éternelles, vers

  1. « Les Merveilleuses victoires des femmes. »
  2. Axel. (Le Monde occulte.)