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LE MAGE

un encensoir fume sa prière symbolique, car « la prière est de tous les sacrifices le plus délectable au Seigneur ». Au milieu, une table révèle le miroir magique (la loupe, peut-être), la balance, le couteau, l’encrier, la plume, des gobelets et les minuscules outils des bijoutiers et des naturalistes ; des instruments de musique s’étalent, unique et utile distraction ; une cithare, une lyre, un violon, une mandoline ; de la musique s’éparpille, cette sainte musique qui, selon le maître de céans et le roi Saül, fait fuir la tristesse et par cela même les esprits du mal ; car « l’esprit de Jéovah souffle favorable dans le cœur rempli d’une pieuse joie ».

Des sentences hébraïques et latines sacrent monastiquement les meubles de ce laboratoire mystique ; une des poutres du plafond s’écrie : « Sans le souffle divin nul n’est grand. » Le mur conseille de n’agir « ni timidement, ni témérairement ». Le laboratoire raconte en sa réticence alchimique : « Celui qui recommence ses essais avec patience réussit quelquefois ». Sur la tente de l’oratoire une fière devise explique le rôle humain de la Providence, rôle envié du mage, qui parfois pensa l’endosser : « Heureux celui qui est des conseils de Jéovah. » Mais presque chaque ustensile est éloquent ; le seau à charbon commande l’humilité, l’athanor la hâte lente, l’œuf philosophique la maturation. Tout au fond un lit bas, sous une tenture qui le sépare de la large salle, recommande la vigilance même lorsque l’heure d’éteindre la lampe et la pensée a sonné.

Le fauteuil unique témoigne de la solitude absolue, de l’absence des visites ; aucun portrait, aucun tableau ne distraient par le souvenir d’un visage profane le méditatif exilé. Les fermoirs de livres inégaux s’accotent sur l’éta-