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LE SATANISME ET LA MAGIE

gère, entre la double rangée des fenêtres aux vitres carrelées. L’air ne semble pénétrer que par une circulaire ouverture, un œil vide près du plafond.

Rien d’impur ici, rien non plus de souriant. La femme est à jamais absente.

La femme ? Et que ferait-elle en cette maison de science et de volonté, où le recueillement est la première loi ? N’apporterait-elle pas en ce temple le tourbillon du monde ? La femme, écrit Kunrath, commentant le desenchanté Salomon, « elle a du miel dans la bouche et le sol arsenical dans le cœur ».


Le bon Mage m’a semblé un moine protestant, poussant le goût de la mortification et du silence jusqu’à abolir le monastère, au profit de la cellule ; le bon Mage est un moine sans compagnons.

Ne faut-il pas admirer et soupçonner ce détachement suprême des choses et des êtres ?

Certes, plus j’étudie ce plan d’une chambre spacieuse et sans extérieur frisson, plus je me rappelle le rêve de la jeunesse, la vie de labeur et de modestie, la création de soi-même par soi-même, avec le réconfort des bains d’eau pure pour le corps, et pour l’âme la secousse lénifiante des oraisons. J’avoue que rien ne me tenta plus que cet abandon cogitatif et cette paix inexpiable. Les rumeurs quelconques ne bourdonnent plus aux vitres trop hautes, et aucun visiteur n’interrompt la grâce dévote de la journée. Ah ! cher et doux Kunrath, aurais-tu trouvé la pierre philosophale, plus précieuse que la transmutatrice des métaux, celle qui fait de l’âme trouble, épaissie et noire, un lingot d’or immatériel ?