Mais cette paix, longtemps cherchée, Kunrath ne sut l’extraire de son « philosophique » alambic ; ce sacrifice universel accompli pour l’obtenir n’aboutit point.
En neuf pantacles, le docteur théosophe nous explique les mystères qu’il arracha du cœur des solitudes. Il serait long et peut-être inutile de mettre en phrases ces ésotériques géométries. Elles témoignent d’une psychologie illuminée, d’un décisif et imperturbable savoir. Celui qui a compris les neuf pantacles n’ignore plus rien de la magie ; mais en est-il plus joyeux ? Kunrath lui-même avoue que la tristesse est un péché. J’ai toujours été ardent et triste, plus proche du Lucifer qui sait et qui expie, lorsque je me suis longtemps penché sur ces planches où Dieu, la création et l’homme sont disséqués. Je crois qu’un peu de musique pieuse vaudrait mieux que ces infernales mathématiques ; et rien ne m’efface le souvenir gracieux de cette lyre sur la table de travail du cabinet alchimique ; elle est meilleure que le travail. D’ailleurs lorsque Kunrath se dévoile, nous assistons, sous l’eau morte de ce repos extérieur, à l’insurrection d’une flore douloureuse et presque néfaste. Étudiez la planche où le théosophe nous apparaît, tenant tête à ses ennemis, chez lui en son costume opératoire, en ville avec l’habit de gentilhomme. On sent qu’ils le hantent, que cet isolement est envahi par les larves de la guerre et de l’effroi. Cette fontaine de la sagesse, si jalousement défendue semble avec son « vin catholique » l’avoir enivré d’une hallucinatoire vésanie. Il y a du Callot et du Goya dans la figuration de ces douze adversaires, dont le principal c’est assurément le pape, appelé l’Autéchrist et qu’insuffle une chauve souris satanique, tandis que lui Kunrath attire vers