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LE SATANISME ET LA MAGIE

gestes, de paroles, de bains, d’exorcismes, d’odeurs, de processionnements, de consécrations[1] ; quel décor, quels rôles, quel bagage ! C’est une vraie caravane traînant en des boites, du bois d’aloès, des bibles, des encriers, des plumes, des glaives, des instruments de musique, des couteaux, des étoles, des goupillons, des anneaux, du charbon, des pots neufs et de grands cordages.

Je les vois, ces pèlerins en lente et mussitante théorie attifés comme de pieux histrions, se diriger à pas respectueux vers File sainte où s’accomplira le plus grand des mystères sinon le cauchemar du plus furieux orgueil, l’impération de l’homme sur l’enfer et sur le ciel !

Splendide folie, rêve forcené de solitaire se déroulant hors du cercle d’au moins neuf arpents. —

D’abord, tout est troublé, bousculé, retourné, renversé. Les montagnes s’enlisent, geignantes, dans les sables ; et l’on ne voit plus que les derniers arbres des sommets se crispant vers le ciel, semblables aux bras d’un colosse qu’on enterrerait vif. Les villes à l’horizon s’enflamment : de longues mèches de lueur lèchent les nuages qui rougeoient comme le plafond d’une forge. La tribu des opérateurs chancelle d’épouvante, plie sous cette bourrasque d’air, de pluie et de feu. Mais la tentation se précise, à chacun personnelle. Le père et la mère, et les douces sœurs, et les frères turbulents sont traînés autour de la ligne creusée par l’épée et ils s’entretueat en une telle rage que les témoins déjà se croient éclaboussés de cervelle et de sang. Quoi ! leurs parents sont là devant eux à si peu

  1. Je n’invente rien ; tout cela, et la suite, se trouve dans les Clavicules, mais exprime froidement, comme un procès-verbal. L’appendice narre de semblables faite. (Voir le IVe Livre d’Agrippa.)