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LE SATANISME ET LA MAGIE

il les secoue, les empoigne par leurs cheveux dardés, les casse en désordre ou sans vêtements sur la selle ténébreuse ; certains partent seuls, la cheminée-ventouse les aspire, ils raclent la suie, hissés par quelle corde ? ou rompent le carreau, trouent le volet, s’échappent, recroquevillés par des chatières, s’enfilent par des trous de rats, chevauchent l’ustensile proche, animé tout à coup d’une vie surnaturelle, le balai[1] des cuisines, le chien réveillé, le bouc de l’étable ou le taureau, parfois le cheval, parfois seulement la fourche, la quenouille et même une canne, le fragile roseau, que l’enfant arracha sur les bords de l’étang. Tout sert de véhicule à l’élève du diable.

Mais d’aucuns, d’aucunes, plus privilégiés ou plus mystiques, pâlissent brusquement, se crispent en un spasme qui vomit leur âme ; le corps reste immobile durant la fête impure, quasi mort, sans bouger plus. Par la vision Ezéchiel visitait Dieu ; le sorcier et la sorcière peuvent aussi visiter Satan parle seul pèlerinage de leur esprit.

En vain, le mari espoinçonne sa femme ; ou elle, lui. L’absent ne bouge pas plus que bûche ou effigie ; celui des deux qui est resté devine le manège ; un tremblement le gagne et il ne peut sauter du lit ; le voilà lié pour trois heures, n’ayant même la licence de crier jusqu’à ce qu’ait chanté le coq[2].

  1. M. Léon Daudet m’a raconté qu’il vit un jour de ses propres yeux un balai prendre vie et marcher devant lui quelques instants ; les légendes allemandes de l’apprenti sorcier (Gœthe Lieder) ne seraient donc pas si apocryphes.
  2. Cette catalepsie du fugitif, s’en allant d’âme au sabbat, faisant croire que le diable remplaçait par une poupée dans le lit la vacance de son fidèle.