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LE SATANISME ET LA MAGIE

en mal de sabbat, boit de ses lèvres fardées et crevassées, de ses narines velues, de ses yeux de chouette, le vin immatériel des meurtres et des viols dans le mirage d’une cuve prophétique, faite d’un cristal maculé de sang…


II
LA FOIRE DU SABBAT


C’est assez loin de la ville. La route meurt en l’inculte lande que les pieds des démons ont à jamais froissée de leur stérilité, « l’aquilarre, » la contrée qu’inondèrent les sacrifices sanglants des Druides, le sanctuaire en plein vent de Moloch et de Teutatès. Ce sanctuaire se dresse quelquefois sur la place des paroisses, devant des églises, afin que le diable puisse planter sa chaire vis-à-vis du grand autel qu’ensoleille le saint sacrement. De l’eau clapote aux environs d’un grand noyer qui abrite un sombre calvaire. La forêt borde l’horizon de sa dentelle funèbre[1].

Les femmes des arènes célestes descendent échevelées comme érynnies, nues ou quasi, graissées ou non, la tête si légère qu’elles n’y pourraient supporter de couverture. Un démon familier, quelquefois en queue, écuyer de la même monture, les fouette tandis qu’elles hurlent « Har ! har ! har ! sabat ! sabat[2] ! » éperdues. « Vous êtes déesses, leur

  1. Pour les sabbats plus restreints, la horde choisit un cimetière, une caverne, l’hôtel des juges — ô ironie ! — ou simplement les toits ; dans le dernier cas les arbres servent de route ; le vieil anthropopithèque renaît en le nécromant.
  2. Peut-être le « Sabaé, évohé », des chants orphiques, des fêtes dionysiaques.